Yvan Laetzig trahit par sa machine
Après avoir pu bénéficier d’une journée de stage avec Loïc Dillet sur le circuit du Roussillon, et passé quelques jours de repos au bord de la Méditerranée, nous récupérons notre mécano Yannick à l’aéroport de Toulouse où il nous a rejoint pour prendre la route de Nogaro. La météo annonce de la pluie pour une bonne partie du week-end, mais c’est surtout les températures très basses pour la saison qui contrastent vraiment avec les conditions météorologiques de l’an passé.
Malgré la déception du Mans, Arnaud Schnee, qui n’a pas pu faire le déplacement dans le Gers, nous a préparé un moteur encore meilleur. Nous profitons de la journée de jeudi pour nous installer et finir de préparer la moto kit que nous utilisons, alors que la moto standard utilisée pour le stage est mise de côté.
Vendredi matin, le ciel est couvert mais la piste est sèche. Yvan s’élance sur cette piste qui lui a posé pas mal de problèmes l’an passé. Alors qu’en tête de classement les pilotes vont déjà très vite, Yvan a du mal à se mettre dans le rythme et ne parvient pas à égaler son meilleur chrono de l’an dernier. Le moteur répond aussi un peu différemment qu’au Mans et là encore, l’adaptation n’est pas aisée. Il réalise malgré tout le 10ème temps.
Afin de rendre la moto un peu plus facile à piloter, certains paramètres ont été ajustés. Une légère brume se met à tomber sur la piste alors que la catégorie Superbike termine sa séance d’essai, toujours avec les pneus slicks. Les 10 minutes de coupure suffiront à rendre la piste glissante sans que ce soit visible pour autant. Tout comme bon nombre de pilotes, Yvan prend la piste avec les pneus slicks, pendant que Marc et Yannick emportent avec eux tout le nécessaire pour le montage des pneus pluie. Alors que les premiers pilotes reviennent pour changer les pneus, nous attendons Yvan. Ce dernier finira par revenir…en voiture avec la moto chargée à l’arrière. Au bout de 5 virages, l’arrière de la moto a violemment décroché à l’accélération. Après inspection, Yannick juge qu’il est impossible de réparer tous les dégâts avant la fin de la séance, alors que tout était prêt pour faire le changement de roues pour s’adapter à ces conditions piégeuses.
Après une soirée de réparation et bonne nuit bien méritée, c’est la pluie qui nous réveille samedi matin. Nous adaptons la moto à ces conditions de piste et demandons à Yvan qu’il enchaine les tours, sans prendre trop de risques car il manque cruellement de roulage. Il ne pleut pas mais la piste est vraiment humide. Les chronos s’améliorent au fil des tours mais Yvan reste 17ème à plus de 6 secondes du meilleur temps. Il était tout de même important qu’il ramène la moto entière malgré ces conditions piégeuses.
L’après-midi, il est impossible d’améliorer le chrono du matin car il pleut à nouveau. Malgré tout, Yvan réalise une belle séance en prenant le 6ème temps, mais cette place ne remet pas en question l’ordre de la grille de départ, figé depuis le matin. La confiance revient chez notre pilote, ce qui rassure l’ensemble de l’équipe.
Dimanche matin, alors qu’il a plu une bonne partie de la nuit, c’est le soleil qui fait son apparition. A l’inverse de vendredi, la piste sèche très rapidement grâce aux passages successifs des différentes catégories. 5 minutes avant le warm-up, nous décidons de passer en slicks, en demandant la plus grande prudence à Yvan lors du premier tour, car la piste n’est peut-être pas sèche partout. Tout comme la veille, il fait une très bonne séance et parvient à se classer à la 7ème place, alors qu’il était un moment 3ème.
Quelques soient les conditions de pistes, nous sommes confiants pour la course car notre pilote a l’air plus détendu que d’habitude. Vers 15h, de gros nuages s’approchent du circuit. Nous nous préparons à modifier rapidement l’ensemble des réglages de la moto en cas de changement soudain de météo.
Alors que Marc attend sur la grille de départ avec les pneus pluie en chauffe, Yannick démarre la moto sans soucis pour permettre à Yvan de rejoindre la pré-grille. La piste est ouverte et Yvan se lance dans le tour de formation. Nous le voyons passer seul dans la ligne droite opposée. Mais l’attente devient longue, alors que d’autres concurrents partis après lui prennent place sur la grille de départ. A 300 mètres de là, Loïc nous fait de grands signes pour nous signaler qu’Yvan est en panne. Yannick court jusqu’au virage pour récupérer la machine et le pilote et tenter de réparer sur la grille de départ, dans les 5 minutes restantes avant le départ. Après avoir remplacé la bougie d’allumage, la moto ne démarre toujours pas et c’est la mort dans l’âme que nous devons quitter la grille en poussant la moto vers la voie des stands. Une panne électrique vient clôturer un week-end difficile et nous prive d’une course qui nous laissait espérer un bon résultat. C’est la dure réalité du sport mécanique… Le pilote n’est qu’un élément de cet ensemble. A nous de rendre cet ensemble performant et fiable tout le temps, même si la panne reste imprévisible et n’arrive jamais au bon moment.
Ils ont dit :
Yvan Laetzig, pilote :
« Le vendredi fut difficile car je n’ai pas su profiter de la première séance pour être dans le rythme. Par la suite, ma chute n’a fait que compliquer les choses. Les qualifications ont été bien meilleures, et j’ai pu reprendre confiance sur la moto. Le warm-up m’a permis de confirmer mon feeling avec ces réglages mais tout s’est écroulé dans le tour de formation lorsque le moteur s’est définitivement éteint. C’était très frustrant de devoir quitter le départ à pied, une première pour moi. Vivement la prochaine course… »
Arnaud Schnee, préparateur :
« Ce nouvel abandon pour Yvan à Nogaro, lors de cette 2ème manche du championnat de France vitesse pourrait faire penser à un début de saison catastrophique. Personnellement, je ne suis pas de cet avis, au regard des réactions qu’il a eu face aux événements.
En effet, une nouvelle chute lors du 2ème essai libre du vendredi faisait partir notre pilote dans la journée d’essais chrono dans un contexte psychologique difficile. Se qualifiant trop prudemment 17ème lors de la première séance, c’est dans la 2ème séance qu’il a réagi dans les conditions les plus difficiles, sous la pluie, en s’octroyant le 6e temps. Une vraie performance et la preuve de ses capacités de rebondir suite à une série d’échecs. Un positionnement qui s’est vérifié lors du warm up dans des conditions météo meilleures, qui confirmait une remonté positive des performances d’Yvan. Je rappelle aussi au passage qu’il était loin de ce positionnement l’an passé sur ce même circuit.
Malheureusement, cet élan fût stoppé net lors de la course suite à un problème technique dont il n’est absolument pas responsable. C’est d’ailleurs une déception supplémentaire dure à « digérer ». Sa réaction face aux antécédents me convainc qu’il surmontera ce début de saison difficile et en sortira plus fort.
Même si l’objectif aujourd’hui n’est peut-être plus le titre, car le trop peu de courses restantes pourra difficilement faire reprendre suffisamment de points, Yvan peut encore briller avec la meilleure progression sur la saison. J’y crois et je fais le pari qu’il réussira ce nouveau défi de la trempe d’un champion : être capable de se sortir d’une « série noire », qu’il arrive à tous les pilotes de rencontrer, mais que seuls les meilleurs peuvent surmonter. J’ajoute que ces événements sont difficiles pour l’ensemble de l’équipe mais je ressens chez chacun la force de réagir pour porter Yvan vers de meilleurs résultats sur la suite de la saison. »
Yannick Dietrich, mécanicien :
«Il m’était impossible de réparer la moto dans le temps restant lors de la séance de vendredi, ce qui a eu pour conséquence de ne pas avoir de roulage dans ces conditions de piste, identiques lors de la 1ère qualification. Yvan s’est tout de même ressaisi samedi après-midi et dimanche matin, nous donnant de bons espoirs pour la course ; d’autant plus qu’Arnaud nous avait préparé un très bon moteur. Malheureusement, il m’était impossible de faire redémarrer la moto sur la grille de départ car la panne n’était pas réparable sur place. C’est la dure loi du sport mécanique… »
Loïc Dillet, coach sportif :
«Yvan a encore vécu un week-end difficile. Il continue à progresser, tant sur le mouillé que sur le sec, mais doit apprendre à fournir ses efforts au bon moment. Il est regrettable que la moto soit tombée en panne pendant le tour de chauffe mais ce sont les aléas de la course. Vivement le Vigeant ! »
Marc Laetzig, Team Manager :
« Nous avons connu une mésaventure mécanique ce week-end qui n’était pas facile à digérer ! Mais j’ai confiance en tous les membres de l’équipe qui ont su réagir avec beaucoup de sang froid ! Nous gardons à l’esprit la bonne performance d’Yvan lors de la 2ème séance qualificative du samedi. Nous concentrons d’ores et déjà nos efforts pour la prochaine épreuve »
Nous avons maintenant un peu plus de trois semaines pour remettre deux motos en état de marche et fiabiliser l’ensemble. Nous allons tenter d’harmoniser au maximum les réglages du châssis et des suspensions pour pouvoir passer facilement d’une moto à l’autre, sans perturber notre pilote. Dans le pire des cas, nous disposerons d’une moto de réserve complète prête à prendre la piste, ce qui nous aurait servi dans le cas de la chute de vendredi. Nous espérons également ouvrir notre compteur de points lors de la prochaine épreuve qui aura lieu fin mai sur le circuit du Vigeant.
Yvan Laetzig et le Team Moto Sport remercient leurs partenaires pour la saison 2012 :
4% Immoblier à Cernay, Sport Loisirs à Cernay, ABCE Logistic, Sérigraphie Arnold à Cernay, Cycles Sarron à Wittelsheim, Cordonnerie Scordel à Belfort, Denis Loisirs à Cernay, Cernay Environnement, Motarno, Dietrich Race Tech, LD Moto, Moto Club Passion Vitesse, Stey Motos à Colmar, ELF, Bihr, France Equipement, SHOEI, Scoot’Expert à Metz, Motos Raymond à Cernay
Sur info de Yannick Dietrich pour Yvan Laetzig #21 en 125