Cédric Tangre : le déclic
Exit les 24H et Nogaro, seule la douleur au genou persiste… Un peu libéré d’une pression extérieure à la moto, la course du Vigeant qui est mon circuit fétiche en France arrive au bon moment. Exceptionnellement et comme la plupart de nos concurrents, nous sommes arrivés dès le mercredi matin pour une journée d’essais anticipés. Le but : re-prendre confiance ! Ces essais ne se déroulent pas trop mal, nous faisons progresser la moto au fur et à mesure de la journée. Les chronos s’améliorent mais je reste loin des références. Vendredi : Les essais A priori, nous aurons la chance ce week-end de passer entre les gouttes et même d’avoir un temps plutôt agréable ! Pourtant la journée est difficile. Je manque de grip, je ne parviens pas à faire mieux que 1’43’2 soit 1 seconde moins vite que mercredi et près de 2 secondes moins vite que l’an dernier. Je pense que cela vient du pneu d’endurance qui est peu adapté au grip faible du Vigeant. Mais l’après midi, avec un pneu de course je ne fais guère mieux : 1’42’4. J’ai la désagréable impression de régresser, mais ça depuis le début d’année je le ressens à chaque fois. Après discussion avec Matthieu et Remi, on en vient à penser que c’est ma vitesse d’entrée qui est en cause : comme je n’ai pas confiance j’ai peu de vitesse de passage en courbe et peu d’angle. Donc la moto ne tourne pas bien et je compense en accélérant très fort… Donc la moto glisse beaucoup et le pneu s’use !!! Samedi : essais libres puis la qualification Le matin je roule avec les pneus de la veille, donc c’est normal que les chronos ne soient pas extraordinaires, mais je ne parviens pas à faire mieux que le 13ème temps en 1’42’6 et ça ce n’est pas dû aux pneus. J’aborde donc la séance sans grand espoir, avec même un peu de résignation… Mes premiers tours sont toujours aussi lents : 1’42’6 et ce en pneus neufs. C’est là qu’une lueur d’espoir fait son apparition ; Au premier virage je retarde mon freinage de quelques mètres. Je me dis que ça ne passera jamais, mais au lieu de tirer tout droit je balance la moto d’un coup sec, prend de l’angle à faire frotter le pied par terre et je me retrouve comme par enchantement placé au bon endroit pour la sortie et je peux remettre les gaz en toute sérénité. Sur cet élan j’enchaîne les trois virages suivants en balançant la moto énergiquement puis finis le tour au rythme habituel. Le résultat est immédiat : 1’41’7 avec quasiment la seconde gagnée sur le premier partiel… Je suis 11ème et participe donc à la deuxième phase de qualification. Pour celle-ci, les 20 plus rapides de la séance précédente participent puis les 8 meilleurs sont retenus pour la dernière phase ! Pendant cette deuxième partie appelée SP1 (pour Superpole 1), je me sens direct à l’aise avec la moto. Je n’ai pas la prétention d’entrer dans les 8 mais j’espère m’accrocher aux alentours de la 9 ou 10ème place. Quand je m’élance Freddy Foray est juste devant moi, je vais essayer de le suivre mais je sais qu’il est très rapide et que ça risque d’être très dur. Finalement je parviens à rester à une distance raisonnable et mes chronos descendent tout seul : 1’41”4, 1’41”2, 1’40”9, 1’40”6, là Freddy s’arrête, j’essaye de conserver le rythme seul et je roule en 1’41”0. A ma grande surprise et à la plus grande satisfaction de mon équipe, je suis 7ème (avec 2 millièmes d’avance sur Freddy) et suis donc sélectionner pour participer à la dernière série d’essais (SP2). Pour la dernière phase, je m’élance seul et réalise au premier tour 1’41”1 puis j’attends « une roue » pour m’aider à nouveau. Freddy est le premier à me passer devant alors je me remets derrière lui. Je le rattrape et arrive à rouler en 1’40”8, ce qui me place en 6ème position derrière Erwan Nigon, Sébastien Gimbert, Vincent Philippe, Julien Da Costa et Olivier Four…(que de beau monde !!!). C’est un soulagement pour moi qui n’y croyait vraiment pas à peine une demi heure avant ! Dimanche :Course 1 J’avoue que aujourd’hui j’ai un peu peur que la confiance ne reparte aussi vite qu’elle est apparue. D’autant qu’au Warm up je ne réalise que le 13ème chrono à 3s de mon meilleur temps de la veille. Le départ de la course est donné et je ne parviens pas à contrôler la puissance de ma machine qui n’a de cesse de se cabrer… Je perds quelques places et me retrouve derrière Nicolas Pouhair qui au second virage se fait une équerre et m’oblige à couper les gaz. Deux pilotes en profitent pour me déborder… Au bout de la ligne droite ce pilote décidément en délicatesse avec sa moto se refait une chaleur et de nouveau des places s’échappent. Enfin au virage du « trop tard » il manque son freinage, chute et je m’élargis en le regardant. Après ce premier tour catastrophique, je ne suis même plus dans les 10 premiers… Je me retrouve derrière David Muscat, avec quelques appréhensions pour le doubler… J’analyse donc bien où je peux passer et deux tours plus tard je l’attaque puis pendant quelques virages, je ferme les portes pour éviter sa réplique souvent sèche ! Voilà une bonne chose de faite, maintenant je remonte sur le groupe qui se bagarre devant, composé de Loic Napoleone, Thomas Metro et Baptiste Guitet. S’en suit une jolie bagarre plusieurs dépassement avec Cyril Brivet qui est venu s’en mêler. Les dépassements n’en finissent qu’à quelques tours de l’arrivée quand Thomas Metro et moi tentons de revenir sur Freddy alors 5ème. J’essaye de dépasser Thomas mais je suis trop loin au freinage pour tenter une attaque sans qu’elle soit dangereuse. En effet sa moto est bien réglée et son poids plume m’empêche de le suivre à l’aspiration… Je prends mon mal en patience et décide d’attendre le dernier tour pour trouver l’ouverture car nous ne sommes plus en mesure de revenir sur Freddy. A deux tours de la fin la course est arrêtée suite à la chute de Julien Da Costa. Je suis donc classé 7ème derrière Erwan Nigon, Sébastien Gimbert, Oliver Four, Vincent Philippe, Freddy Foray et Thomas Metro. Course 2 Cette fois-ci, il ne faut pas rater le départ… Mais encore une fois je me fais dépasser de tous les côtés au premier virage. Je me retrouve encore aux alentours de la 10ème place. Pendant quelques tours je suis le rythme d’un groupe qui s’étend du 4ème jusqu’à moi en 10ème position. D’un coup vers le 5ème tour le groupe s’éclate et les pilotes les plus rapides s’échappent. Dès lors je passe à l’attaque et double Cyril Brivet. Je suis maintenant derrière Thomas Metro que je n’ai pas réussi à dépasser en première manche. Je fais mon attaque à un endroit où je ne m’y attendais pas… je me faufile dans un petit trou qu’il a laissé libre et suis limite tout le virage de perdre l’avant. J’accélère le rythme pour ne pas qu’il puisse me repiquer la place. La moto est en vrac, mais je parviens à maîtriser ses glisses… L’arrière est pourtant très baladeur et je dois serrer fort sur les bras pour la maintenir le plus en ligne possible. Je réalise un tour en 1’40’8 puis 1’40”6 qui m’emmène au cul de Baptiste Guittet. J’aperçois devant, à portée, Freddy Foray, Julien DaCosta et Olivier Four. Mais après plusieurs tentatives de dépassements, je fais deux tours peu rapides en « gros 1’41 ». Dans l’avant dernier tour, je parviens enfin à prendre la 7ème place et remonte fort sur Freddy. Je me place dans son aspi lors des 3 premiers virages du dernier tour. Et je veux absolument placer mon attaque à la chicane… Je me dis « je freine pas tant qu’il ne freine pas !!! » Je vois le panneau 200m passé, puis mon repère de freinage… OOops on prend les freins en même temps, il s’élargit, moi aussi… Au freinage d’après, il ferme correctement la porte. Malgré un rythme supérieur je n’arrive pas à le déborder car il freine très tard !!! Je tente dans le dernier virage d’accélérer plus fort pour le déborder sur la ligne mais celle-ci est trop prêt et je termine à peine à 1 dixième de Freddy, encore en 7ème position! Conclusion : Enfin j’ai retrouvé la confiance qui m’a permis de faire de belles courses l’an dernier, ça fait vraiment du bien avec toutes les galères du début d’année. Il faut maintenant poursuivre dans cette voie, réussir des bons départs et être vite dès le premier tour pour être mieux placé. Car c’est sûr que vu le niveau cette année avec pas moins de 7 voir 8 pilotes officiels, on n’a vraiment pas le droit à l’erreur. En seconde course j’ai réalisé un 1’40”6 soit le 5ème meilleur temps en course à seulement 2 dixièmes du meilleur tour de Vincent Philippe qui termine sur la dernière marche du podium ! Ainsi même si en soi 7ème est un chiffre décevant, il est source d’une grande satisfaction et également de motivation pour les prochaines courses… Au championnat je gagne une place puisque j’occupe désormais la 9ème place avec 37 points au total. Un très très grand merci à toute l’équipe qui s’est encore une fois démenée pour trouver des solutions à chaque problème : Matthieu, Rémi, Fabien, Sébastien, Mouss, François, Murielle, mes parents, Ornella, Robin, Badis et tous nos partenaires : YOHANN MOTO SPORT, SUZUKI FRANCE, DUNLOP, YACCO, MCT distribution, YOSHIMURA, BIHR, EMC 37, AFAM, SPORT BIKE TRAINING, JMF menuiserie, SHOEI, IXON, TRANSPORT GAILLARD, SKEED, MOLEX, MC LESIGNY, EMOTO.COM, BULLES MRA. J’ai hâte d’être à la prochaine course qui aura lieu à Ledenon les 12 & 13 Juin prochains. Sur info de Cédric Tangre #4 en SBK