LES GIBOULEES DU MANS
Le Mans au mois de Mars c’est toujours un grand moment !
D’abord parce que c’est l’ouverture traditionnelle du FSBK sur le circuit le plus prestigieux de France avec toute l’excitation que cela procure mais également parce que la période est propice aux fameuses giboulées de Mars ! Il faut toujours composer entre pluie et éclaircies …
Giboulée c’est aussi un bon résumé de mon weekend.
Commençons par le début. Sorti d’une saison 2015 particulièrement difficile lors de laquelle je n’ai jamais pu trouver mes marques sur ma machine, j’ai décidé de poursuivre l’aventure avec l’équipe technique qui m’a permis de décrocher le titre de Champion de France Moto3 en 2014. Ainsi j’ai monté de toutes pièces une micro structure, MASH Racing, avec l’appui d’amis fidèles.
En tête de cortège Frédéric Fourgeaud patron emblématique de la Sima et créateur de la marque de motos d’inspiration vintage Mash. Celui-ci a été le premier à m’offrir un train de pneus alors que je courrais après le titre PreGP en 2011 ! Une solide amitié était née.
De fait le thème de ma campagne 2016 était tout trouvé : « Esprit Continental Circus » dans lequel ma micro structure se retrouve parfaitement. Un fourgon, une remorque, un entourage compétent et c’est le retour du bonheur !
Notre esprit Vintage a eu un impact positif dans le paddock et beaucoup sont venus photographier notre « pin-up » et ma moto orange et noire à damiers.
L’ombre du grand acteur et champion Steve McQueen planait également dans mon stand avec son célèbre slogan sur un des panneaux : « La course, c’est la vie, le reste -avant ou après- n’est que de l’attente ». Celui-ci portait également le n°20 !
Dans les amis fidèles, comment ne pas citer Eric Millot grand Manitou de chez Aumiot Motos à Villefranche sur Saône. Ce gars est un vrai passionné et une véritable encyclopédie du monde de la moto. Circuit, route, Tout Terrain, moderne, ancien, rien ne lui est inconnu ! Lui aussi a toujours été là pour m’aider depuis mes débuts en compétition.
Furygan dont je porte les couleurs depuis 2012 est également de la partie. La marque à la panthère est tellement en phase avec mon projet avec sa longue histoire dans la compétition moto.
Mais revenons à cette première du Mans.
Tout s’étant décidé tardivement je roule avec la même machine que l’an passé en configuration « basique » bien qu’engagé dans la catégorie SuperSport plus ouverte à des évolutions techniques. En effet, mon projet est de faire évoluer la « Mashine » au fur et à mesure de la saison. Ainsi je roulais au Mans avec un moteur Standard et sans shifter… mais la motivation au sommet.
Le jeudi matin nous partons tardivement et ajoutons deux étapes à notre itinéraire : Aumiot Motos et la Sima bien sûr. L’accueil est au top et nous partons gonflé à bloc. Nous arrivons trop tard sur le circuit pour s’installer. Au Mans après 20 h 00 c’est fini… Ce sera pour vendredi matin première heure !
Les premiers essais libres ont lieu en fin de matinée et dans la précipitation on oublie d’installer le transpondeur. Nos temps resteront ainsi « secrets » 🙂
Je me sens bien sur la piste. J’ai pu faire mes deux seules journées de préparation la semaine précédente sur les circuits du Luc et d’Alès et nous avons enfin mis le doigt sur des réglages qui me conviennent.
L’après-midi confirme mes bonnes sensations. Je me sens dans le coup et surtout en confiance. De plus Pascal « Little » Serra le responsable de Pirelli m’annonce que le pneu que j’utilise m’handicape de 2 secondes au tour : J’ai fait un super temps alors !
Samedi : Les qualifications. Spécificité unique au championnat FSBK chaque séance de qualification valide la position sur la grille de chaque manche. Cela ne laisse pas le droit à l’erreur ni technique ni de pilotage. Je n’aime pas trop ce format sans savoir que j’allais en tirer avantage. La piste est mouillée mais « séchante ».
Je pars en pneus pluie dans un super rythme. Je sais que dans ces conditions la puissance importe peu et que j’ai mes chances. Très vite je pointe dans le top 5 SCRATCH ! Totalement surprenant ! Je réalise rapidement que je ne pourrais pas aller beaucoup plus vite avec cette monte pneumatique et décide le premier de passer en pneus sec. Mickael mon mécano est prêt et le changement est « éclair ».
Après un tour de lancement prudent je hausse le ton et prends même la pôle position ! La séance est interrompue au drapeau rouge. Tous les pilotes ont maintenant le temps de changer les pneus et ça repart pour 8 minutes de bataille. Cependant j’étais vraiment dans le coup et c’est mon ami Varois Peter Polesso qui prend la Pôle Position. Je suis en première ligne de la première manche du Championnat 2016. Rendez-vous compte qu’avec la même moto je n’étais jamais rentré dans le top 20 en 2015.
C’est le bonheur !!!
Maintenant il faut tout remettre à plat pour la deuxième séance de qualification : La piste est plus mouillée que ce matin et toute la séance se fera en pneus pluie. Je suis toujours à l’aise mais mes camarades de jeux progressent plus vite que moi. Je suis 4ème en fin de séance après que Cedric Tangre le champion en titre et Hugo Clere m’aient devancé en plus de Peter Polesso.
2nd et 4ème des qualifications !
J’en suis le premier surpris. Après tous mes déboires de l’an passé je ne pouvais imaginer ce niveau de compétitivité même si -malgré tout- j’ai déjà remporté deux tires Français. Je sais également que j’ai profité des circonstances mais n’empêche que ça réchauffe le cœur. Plus encore, la réaction amicale de beaucoup de pilotes et accompagnants ravis de me revoir aux avant-postes. Même Gérard Delio LE photographe du FSBK depuis des décennies avait vu la différence dans l’objectif !
Le soir, la pression monte de 10 crans : Il va falloir confirmer tout cela demain. Puis elle retombe un peu : J’ai toujours tout donné et fait de belles courses ; même au fond du trou.
Dimanche : On a dormi une heure de moins donc il a plu une heure de moins ! Particularité également du FSBK, il n’y a pas de warm-up. Impossible donc de jauger la piste avant la course. La piste est mouillée mais je sais qu’elle ne sèchera pas. Le choix pneumatique est donc sans appel. Les conditions me conviennent, je pars en première ligne et la course est réduite à 13 tours. J’étalonne la piste lors du tour de chauffe et arrive en grille serein.
Le rouge s’éteint. Mon impulsion est bonne mais je relâche l’embrayage un peu brutalement et patine. Du coup je pars 4ème. Pas d’affolement et me retrouve rapidement 3ème derrière Peter Polesso. J’ai également Hugo Clere -qui a pris le meilleur départ- en point de mire. Tout va bien. Rapidement mon panneautage m’informe que l’écart avec les suivants croit de 2 secondes au tour ! Je comprends vite que le podium est à ma portée. Malgré tout je sens que Hugo Clere est « prenable ». Il s’est déjà fait passer par Polesso et je suis -à l’affut- dans son rythme. Je parviens à le passer mais le drapeau rouge est sorti et la course terminée.
Les règles sont formelles : C’est le classement au tour précédent qui fait foi. Je suis donc déclaré 3ème. Je vais m’en contenter ! Le podium sera un grand bonheur.
C’est un podium au scratch avec une moto standard !
Il faut vite se reconcentrer pour la deuxième manche. Il m’a toujours été difficile d’appréhender cet exercice sur 2 manches, mais je veux absolument confirmer.
Aveuglé par mes super sensations lors de la première manche, j’en oublie de reconsidérer mes réglages alors que la piste est très différente : Il fait plus froid (on a jamais roulé avec une piste si froide) et il y a plus d’eau : On ne peut plus parler de piste séchante. Lors de mon tour de chauffe je sens que les conditions sont différentes et que ma Mashine ne se comporte pas aussi bien.
Malheureusement, dès le départ je me rends compte que ce n’est pas le cas pour les autres. En essayant de suivre leur rythme je me fais une grosse glissade qui me sort de la piste. Lorsque je la reprends je suis dernier … Je me dis alors qu’il faut emmagasiner de l’expérience, rejoindre l’arrivée et sauver ainsi quelques points (ceux que je ne marquais pas l’an passé).
Frustré malgré tout, je me dis que mettre un peu plus de charge sur mes pneus pourrait aider. Mauvaise pioche. Je perds le contrôle dans la Dunlop et finis à plat ventre la moto bien amochée. J’en sors indemne.
Vous comprenez pourquoi je parlais de Giboulée pour résumer mon Weekend : J’ai vu du soleil mais ça s’est terminé sous la pluie….
Focus maintenant sur la prochaine étape : Nogaro dans le Gers. Une piste que j’affectionne sur laquelle j’ai le record en Moto3. Maintenant que j’ai trouvé des pièces du puzzle j’ai soif de sensations.
Merci à tous de votre support et à très bientôt !